BRASSEUR Thomas
AZZABI Inès
MULLER Chloé
PETIT Alexandre
Etudiants en Master II Management et Développement de Patrimoines Immobiliers
IAE Metz School of Management – En partenariat avec la CCI Campus Moselle
L’expertise par la formation immobilière est-elle valorisée sur le marché du travail ?
Le diplôme est-il une garantie de trouver un travail et un poste cohérent ?
Introduction
L’immobilier offre une multitude de variétés d’emplois et de métiers. Il est en effet un secteur d’activité riche qui convient à de nombreux profils : vendeur, acheteur, client, gérant, expert… Le secteur de l’immobilier offre également une grande variété d’employeurs : banques, investisseurs institutionnels, agences immobilières, secteur public, secteur social… La Fédération Nationale de l’Immobilier (FNAIM) a ainsi listé 14 métiers différents dans les secteurs de la gestion, du syndic, de la transaction, l’activité de marchands de biens, l’activité de diagnostiqueurs, d’expert, de promoteur, d’administrateur de biens, d’expert en viager et autres spécialistes en immobilier d’entreprise.
En immobilier, il existe plusieurs niveaux de débouchés, à savoir, d’une part à niveau bac +2/3 (BTS et licence), et d’autre part à niveau bac +4/5 (master, école). A niveau bac +2 et bac +3, les perspectives de métier se limitent principalement à l’immobilier d’habitation et de gestion. A niveau bac +4 et bac +5, des métiers d’immobilier d’entreprise ou des postes de cadres et de direction dans l’immobilier d’habitation seront les plus plébiscités.
Notre équipe de travail s’est alors interrogé sur la question de l’importance du diplôme dans le secteur de l’immobilier. Ce dernier est-il réellement valorisé sur le marché du travail ? Est-il une garantie de trouver un travail et un poste cohérent ? Entre l’expertise profane et l’expertise professionnelle, le diplôme fait-il différence ?
L’immobilier, un secteur qui recrute sans diplôme
L’immobilier est un secteur d’activité qui admet et comptabilise de nombreuses personnes sans diplôme, ayant déjà acquis de l’expérience dans d’autre secteur d’activité ou ayant un profil atypique avec une entremise de connaissance. Ce secteur d’activité offre en effet l’accès à des professions ouvertes à un large panel de profil. Toutefois, la formation diplômante en immobilier, qui ne semble pas être un prérequis obligatoire, permet d’acquérir un bon niveau de connaissance, notamment en droit, en urbanisme, en gestion comptable et financière etc. Ces connaissances peuvent s’avérer utile et parfois même indispensable dans les métiers de la transaction, de la gestion ou de la promotion immobilière. Ces connaissances sont une réelle plus-value pour les recruteurs.
L’ambivalence du diplôme et de sa valorisation
Le diplôme en France est en effet d’importance capitale notamment en début de carrière. Par la suite, les employeurs donneront plus d’importance à l’expérience. Puisqu’effectivement en début de carrière un candidat ne peut pas valoriser d’expérience, il montrera par voie de conséquence, ses éventuelles compétences à travers ses diplômes et formations.
Si un bagage de diplôme peut faciliter l’entrée sur le marché du travail et assurer un salaire minimum selon le niveau d’étude, trop de diplômes peuvent avoir un effet inverse.
Les personnes très diplômées avant des hard skills représentent toutefois un cout trop important pour les employeurs. Si le diplôme peut être un atout, il peut en revanche, être également un fardeau lorsqu’il y en a trop.
Le diplôme permettrait de lutter contre le chômage des jeunes, en sortie d’école. En effet, sans diplôme ou avec un brevet depuis 1 à 4 ans, le taux de chômage serait de près de 45%, contre 18% pour les personnes titulaires d’un baccalauréat, et moins de 10%, au-delà de ce niveau de diplôme. Sortis de 11 années ou plus de formation initiale, les écarts se resserrent puisque les taux de chômage des personnes non-diplômées dépasse légèrement 10%, contre 7% pour les personnes titulaires d’un baccalauréat, et moins de 5% pour les personnes titulaires d’un baccalauréat plus deux années d’études supérieures.
Le diplôme et le salaire
Du fait du temps consacré aux études, la question des relations entre diplôme, emploi et salaire s’est imposée.
En France, la majorité de la population détient un diplôme. Le plus commun à tous d’après l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) est le baccalauréat. En 2019, une étude mettait en avant le niveau d’étude détenu suivant l’âge et le sexe, avec la mise en évidence de la présence des femmes ayant effectué des études longues, contrairement aux hommes plus minoritaires titulaires du baccalauréat. En pratique l’INSEE met en avant une forte relation entre un niveau de qualification et le salaire perçu. Cela se traduit par un salaire moyen de 2 257 € brut tous diplômes confondus. Concernant un non-diplômé, on tombe à 1 695 € brut, 2 089 € pour un bachelier et 3 506 € pour un diplômé d’étude longue, soit supérieur à bac+ 2. Au vu de ces chiffres on peut comprendre que les études sont jugées comme étant un investissement sur l’avenir comme le théorise la notion de capital humain développée par l’économiste américain Gary Becker. Aussi, d’après les études de l’INSEE, le diplôme multiplie par trois, la chance d’une obtention rapide d’un emploi. Ce chiffre est obtenu en prenant en compte le nombre de chômeurs sans diplôme en comparaison à celui des chômeurs titulaires d’un diplôme.
L’obtention d’un diplôme limite le risque d’itinérance de l’emploi. En d’autres termes, une personne avec des diplômes aura plus de chances d’être embauchée et de travailler dans le domaine pour lequel elle a était formée, et ce, à temps plein.
Ainsi, il existe une corrélation directe entre le salaire et le diplôme, mais d’autre facteurs sont à prendre en considération, à savoir, le domaine relatif au diplôme et l’écart salarial en les femmes et les hommes.
Concernant le premier, il existe de nombreux domaines variés au sein de l’univers salarial. Un salarié doté d’un bac + 5 dans le domaine de l’hôtellerie gagnera potentiellement 16 % de moins qu’un salarié d’une branche commerciale qui lui-même gagnera 50% de moins qu’un salarié de niveau équivalent au sein d’un service financier.
Pour le second point relatif à l’écart de salaires entre hommes et femmes, ce dernier est estimé entre 8 à 10% brut par l’INSEE, et ce, de manière inexplicable. Toutefois, en analysant les chiffres donnés par l’INSEE et la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (DARES) du Ministère du Travail et de l’Emploi, on obtient une différence de moins de 3 %, moyennant la prise en compte d’une marge d’erreur statistique (pour la globalité des salariés Français).
Le secteur immobilier et sa complexité
L’immobilier est de plus en plus bouleversé par l’apparition de nouveaux postes ayant pour nom des termes anglicisés. Les chiffres nationaux manquent de précisions. Mais, il est constaté que les salaires au sein de l’immobilier restent dans la tranche haute des salaires moyens en France.
D’un point de vue plus local, un questionnaire a été établi par les étudiants de la CCI Formation de Moselle, en direction d’étudiants de la précédentes promotion (2020/2021), titulaires d’un Master 2 MDPI. On constate une différence notable en comparaison des chiffres nationaux.
Il est à noter qu’au niveau national, le salaire annuel brut d’un non-cadre dans l’immobilier est de 32 446 €, alors que celui d’un cadre avoisine les 51 415 €.
Le réseau est également un atout très important dans la recherche d’emploi et pourtant il est souvent négligé.
On estime que 7 postes sur 10 sont pourvus dans le cadre d’un réseau, par recommandation et référencement sur Internet. Il est donc fondamental de commencer tôt à tisser un réseau.
Il est conseillé de commencer à créer son réseau le plus tôt possible, il existe des outils performants pour cela tel que LinkedIn et Viadeo. Les premiers membres d’un réseau professionnel sont ceux qui viennent de la sphère privée (camarades de classe, famille, connaissances rencontrées par des amis…). Il s’agit des « liens forts » si l’on fait référence aux travaux de Mark Granovetter (1974) sur les réseaux sociaux. Ceux-ci atteindront rapidement leurs limites. A ces personnes s’ajoutent ceux de la sphère professionnelle et au-delà (maîtres de stage, collègues, recruteurs avec qui on a eu un entretien, etc.). Toujours selon cet auteur, il s’agirait des « liens faibles » qui sont beaucoup plus efficients pour la recherche d’un premier emploi. Il est essentiel d’entretenir son réseau tout au long de sa carrière en échangeant avec les personnes.
Valoriser la formation en alternance sur le marché du travail
La formation en alternance est construite sur l’articulation de temps de formation en établissement (formation théorique) et dans une entreprise qui vous accueille (formation pratique).
Il existe deux types de contrats en alternance : le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation.
De nombreuses questions peuvent être évoquées, mais la principale reste le fait de se demander l’intérêt de choisir une formation par alternance.
Les principaux avantages sont les suivants :
- L’obtention d’un diplôme ou d’une qualification professionnelle ;
- L’acquisition d’une expérience professionnelle dans le métier choisi et le fait d’être rapidement opérationnel ;
- La perception d’un salaire tout en poursuivant ses études.
Cette voie constitue-t-elle pour autant un tremplin pour l’emploi ? Longtemps considérée comme une « voie de garage », l’image de l’alternance s’est transformée ces dernières années. La loi « avenir professionnel » a renforcé l’attractivité du contrat en alternance. L’alternance pourrait donc être un remède dans le sens où elle permet à l’entreprise de tester de nouvelles approches, sans le poids financier et les contraintes légales qui encadrent le CDD (Contrat à Durée Déterminée) et le CDI (Contrat à Durée Indéterminée). Elle permet donc à l’entreprise d’aller chercher de toutes nouvelles compétences, de tous nouveaux savoirs et de voir si la greffe se passe bien.
De plus, elle apporte aussi le fait de découvrir le potentiel d’un collaborateur et la richesse qu’il peut offrir à l’entreprise, à travers une fréquentation longue avant d’aller plus loin. Ce principe de « durée limitée d’un contrat d’apprentissage » rassure les entreprises et cela est ainsi assimilable à une « période d’essai ». Si l’on suit tous les témoignages des alternants, nous pouvons en déduire que l’alternance permet aux étudiants de vivre ces années en entreprise comme une expérience enrichissante, leur apportant ainsi le développement de leur autonomie.
Par ailleurs, cette voie permet d’enrichir son expérience dans un milieu professionnel donné. Tous ces arguments contribuent à faciliter l’entrée des apprentis sur le marché du travail, dans la perspective d’un éventuel contrat à durée indéterminée, à l’issue de la période d’apprentissage.
De plus, il est tout à fait possible d’avoir l’opportunité d’effectuer son stage à l’étranger, ce qui développe le côté relationnel international de l’étudiant(e). Tous ces arguments sont donc connus des recruteurs et ils permettent d’apporter de la valeur ajoutée au parcours des étudiants. De ce fait, un parcours en alternance est valorisé sur le marché du travail pour toutes les raisons citées précédemment.
Contrairement à un parcours classique, avec une formation scolaire en voie directe, la formation par apprentissage apporte de nombreux avantages, d’un point de vue personnelle et professionnelle pour l’apprenti. L’expérience acquise au cours des années d’apprentissage font de l’apprenti un salarié potentiel, disposant de plus de recul et de connaissances dans le domaine, ce qui attire beaucoup plus les recruteurs.
Conclusion : quelques chiffres, à titre d’exemple (source : APEC)
Enfin pour conclure, l’apprentissage a un effet très bénéfique sur l’insertion des jeunes sur le marché du travail. En effet, les bénéficiaires de cette formation en alternance accèdent plus rapidement à un emploi. On notera également une légère hausse de leur salaire, par rapport à un cursus classique (formation en voie directe). Les compétences sont ainsi plus recherchées car les apprentis connaissent mieux le milieu de l’entreprise et disposent déjà d’un réseau relationnel, ce qui n’est pas négligeable.
Les alternant(e)s se retrouvent, deux ans après l’obtention de leur master, deux fois moins au chômage que les diplômés n’ayant pas suivi une alternance, soit 7% contre 14% de sans emploi.
- 37% des alternants ont eu une proposition d’embauche à l’issue de leur formation, mais seulement 23% de ces derniers l’ont accepté, c’est dire la confiance que tous les autres ont eu en leurs compétences et leur expérience d’alternant pour aller chercher d’autres opportunités ailleurs.
- 86% des jeunes se montrent confiants dans les débouchés à l’issue de leurs études (contre 77% pour les non-alternants).
Et ce n’est pas tout : leurs conditions d’emploi sont également meilleures. Ils sont mieux payés avec un salaire médian annuel de 32 000 €/an au bout de 2 ans, contre 30 400 €/an pour celles et ceux n’ayant pas réalisé leurs études en alternance.
Bibliographie
- Accueil | Dares. (2022, 10 mars). Dares. Consulté le 10 avril 2022, à l’adresse https://dares.travail-emploi.gouv.fr/
- Apec. (2022). Offres d’emploi cadres, Conseils, Recrutement. Consulté le 26 avril 2022, à l’adresse https://www.apec.fr/
- Granovetter, M. (1974). Getting a Job. A Study of Contacts and Carreers. Cambridge, Harvard University Press.
- Lemarchand, J. (2019, 9 septembre). Les chiffres qui vous convaincront de faire une alternance. Les Echos Start. Consulté le 1 avril 2022, à l’adresse https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/recrutements-entretiens/les-chiffres-qui-vous-convaincront-de-faire-une-alternance-11764