ANDRE William
DAVID Pauline
DUARTE Filipe
SAUVAGEOT Carla
Étudiant(e)s en Master 2 Management et Développement de Patrimoine Immobilier à l’IAE de Metz – School of Management – en partenariat avec
l’Ecole Supérieure de l’Immobilier
La digitalisation et son impact sur les métiers de l’immobilier
Cadre méthodologique :
Le présent article s’attache à analyser la thématique relative à l’impact de la digitalisation sur les métiers de l’immobilier, et de manière plus générale, à explorer les outils mobilisés pour sa mise en œuvre. Dès lors, il convient de s’interroger sur l’apparition de la digitalisation dans les métiers de l’immobilier, et surtout son impact. Nous avons croisé des études documentaires, une première enquête quantitative (via la plateforme collaborative de la Chaire EREM et nos réseaux personnels), ainsi qu’une seconde, se traduisant par différents entretiens avec des professionnels de l’immobilier.
Introduction
On évoque souvent le terme de « digitalisation », mais beaucoup d’entre nous ignorent encore de quoi il s’agit exactement. Et pourtant, la digitalisation revêt plusieurs variantes en fonction du secteur d’activité. La digitalisation constitue une suite logique de l’évolution technologique, et plus particulièrement d’internet et de l’informatique. Tout peut se traiter en ligne et c’est le principe même de la digitalisation. Pour définir cette opération, on peut dire qu’il s’agit d’un procédé qui vise à transformer des processus traditionnels, des objets, des outils ou encore des professions par le biais de technologies digitales afin de les rendre plus performants. Les outils digitaux ont une place primordiale dans le monde de l’immobilier. Le secteur de l’immobilier est longtemps resté à l’abri d’innovations majeures. Malgré l’émergence des annonces immobilières en ligne, le processus d’achat ou de vente d’un bien immobilier ne s’est pas métamorphosé.
Le marché immobilier ne connaît que depuis quelques années un vrai bouleversement. On estime aujourd’hui que 80% des français utilisent internet et les outils digitaux dans le cadre de leur projet immobilier. De la construction de programmes immobiliers à la vente de biens pour les particuliers, de nombreuses start-ups révolutionnent aujourd’hui l’immobilier. Depuis l’émergence des sites d’annonce en ligne, le numérique est au cœur de nombreux projets immobiliers. Durant la période de crise sanitaire que nous avons traversée, le digital et le numérique sont apparus comme des solutions pour faire survivre le marché de l’immobilier. Les visites en 3D ont ainsi permis à de nombreux potentiels acquéreurs de visiter leur futur bien. Ces visites apparaissent donc comme un gain de temps pour les agents immobiliers qui ne se déplacent dans les biens que lorsque les futurs acheteurs sont véritablement intéressés. Un gain de temps et moins d’interaction physique dans une période où les gestes barrières sont de mise.
La digitalisation doit répondre aux nouvelles attentes du marché immobilier et semble être également une réponse pertinente pour faire face au période d’incertitude comme cette crise sanitaire actuelle. Cette dernière renforce ainsi cette dynamique de fond à tous les niveaux du marché immobilier.
Dès lors, il convient de s’interroger sur l’impact de la digitalisation dans les métiers de l’immobilier. Le présent article se déclinera en quatre parties. La première s’attachera à démontrer l’impact de la digitalisation dans les métiers de la transaction et de la location, la seconde s’attardera sur la digitalisation dans le domaine de la gestion locative et syndic de copropriété, la troisième détaillera les limites de la digitalisation, enfin la quatrième et dernière partie analysera les différents entretiens réalisés avec des professionnels.
L’impact de la digitalisation dans les métiers de la transaction et de la location
De nos jours, 95% des transactions immobilières passent par internet. La digitalisation a révolutionné les pratiques des agences immobilières. Beaucoup ont abandonné l’habitude de se déplacer dans l’agence de leur quartier pour aller discuter de leur projet de vente ou d’achat avec leur conseiller. Depuis partout, il suffit de consulter les sites d’annonces en ligne tels que Leboncoin, LeFigaroImmo, SeLoger, Bienici ou encore LogicImmo pour avoir une vision assez large du marché. Le marché de l’immobilier a donc subi depuis quelques années une profonde transformation pour s’adapter à un monde toujours plus connecté, soucieux de mettre de côté certaines pratiques obsolètes et chronophages. Ces changements ont permis d’accélérer tous les processus, mais également d’augmenter la concurrence, non seulement entre les biens sur le marché mais surtout entre ceux qui tentent de les vendre. C’est pourquoi digitaliser son point de vente, son agence permet de se démarquer de la concurrence et ainsi toucher une clientèle plus variée.
Pour exemple, la visite virtuelle s’est donc très rapidement implantée dans les outils des agences immobilières souhaitant apporter de la diversité dans leur offre, trop souvent identique depuis de nombreuses années. Cette option séduit de nombreux acquéreurs et vendeurs car elle permet de visiter un appartement ou une maison dans son intégralité, en se rendant compte de l’agencement, des surfaces et de la luminosité sans sortir de chez soi. Cela permet également de respecter les gestes barrières que la crise sanitaire nous impose. Pour la location, il est aussi possible de réaliser un état des lieux à partir de sa tablette, au même titre qu’une convention de sortie qui résume les charges du précédent locataire. Chaque professionnel doit s’adapter pour être en mesure de créer une agence immobilière compétitive.
Autre que la transaction, la location est également impactée par ce phénomène de digitalisation, elle profite également des annonces en lignes, de la signature électronique, des visites virtuelles.
A la différence de la vente, les transactions en location vont vites, il faut donc avoir des outils performants pour pouvoir répondre à cette demande accrue. La plupart du temps, les professionnels de la location ne rencontrent le locataire que lors de la visite et de l’état des lieux. En ce sens tout le processus entre la visite et l’état des lieux d’entrée se fait à distance, ce qui permet d’aller plus vite et de pouvoir traiter plusieurs locations en même temps. Sans ces outils tels que NodalView, Oracio, Papernest, Modelo l’activité locative ne serait pas autant efficiente dans certaines agences immobilières.
La « phygitalisation » désigne le processus par lequel une entreprise ou un point de vente va cumuler les avantages du physique avec les fonctionnalités du digital. L’objectif étant d’utiliser des outils digitaux au sein même d’un bureau de vente. La mise en place d’écrans tactiles, de tablettes ou des casques VR en plus des services d’un vendeur physique sont les critères même de la « phygitalisation » d’une entreprise. Le service humain d’un vendeur est encore utilisé, tout en s’appuyant sur les nouvelles technologies. Le rôle de cette transition est d’abolir les frontières entre la commercialisation traditionnelle en bureau de vente et le commerce en ligne.
L’impact de la digitalisation dans les métiers de gestion locative et syndic de copropriété
Evolution des technologies oblige, les syndics de copropriété et les gestionnaires locatif se doivent de vivre avec leur temps, et prendre en compte les nouveaux outils existants. Avec la digitalisation croissante de notre société, nous avons pu constater une évolution de la législation en faveur de la dématérialisation de plusieurs actes. Si lors de la publication de la loi du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété, les convocations aux assemblées générales par voie électronique n’étaient même pas envisageables, elles font désormais partie de la réalité avec le décret du 23 octobre 2015. Ce décret a eu pour objet d’adapter le droit de la copropriété à l’évolution des moyens de communications en ouvrant la possibilité de procéder à des notifications, et mises en demeure par voie électronique. Cette mesure dont le principe a été posé par la loi ALUR du 24 mars 2014, est venu en complément de l’article 32 du décret du 17 mars 1967, afin que le syndic dispose d’une adresse électronique actualisée des copropriétaires qui souhaitent bénéficier de la dématérialisation des envois. Ainsi ce décret permet au syndic d’envoyer les convocations et procès-verbaux d’assemblée générale par voie électronique, ainsi que les mises en demeure, alors qu’anciennement ces actes devaient être adressés aux propriétaires par lettre recommandée avec avis de réception, ou remises en main propre contre émargement.
L’article 64-1 du décret du 23 octobre 2015, en complément de l’article 4 du décret du 17 mars 1967 précise qu’avant l’envoi de ce dernier, tout syndic doit recueillir préalablement l’autorisation écrite, et l’adresse électronique de chaque copropriétaire qui conserve la possibilité de modifier l’adresse communiquée, ou de revenir sur leur décision de recevoir des notifications en ligne. L’autorisation peut être émise au cours d’une assemblée générale avec sa consignation dans le procès-verbal, ou à tout moment par lettre recommandée avec demande d’avis de réception ou par lettre recommandée électronique.
La loi ALUR du 24 mars 2014 dans sa continuité de révolutionner la gestion des syndics de copropriété pour correspondre à la « copropriété de demain », a également initié l’accès en ligne sécurisé aux documents dématérialisés relatifs à la gestion des immeubles, appelé Extranet. Cependant cette innovation a fait apparaître des avis mitigés car la mise à disposition des documents aux copropriétaires n’a pas toujours été efficiente, et certaines pièces étaient souvent manquantes. Contrairement au but initial d’offrir une facilité pratique, et une meilleure transparence, nous avons constaté une confusion des copropriétaires par un manque de clarté et d’obligations de la part des gestionnaires.
C’est ainsi que le la loi ELAN du 23 novembre 2018 est venu répondre au besoin d’amélioration de l’Extranet en proposant une simplification de la procédure, et en introduisant une liste précise de documents obligatoires. Un décret du 23 mai 2019 a précisé une minimale des documents dématérialisés concernant la copropriété accessible sur l’espace en ligne sécurisé. Seuls les syndics professionnels sont concernés par cette mesure.
Ce décret a détaillé la liste des pièces obligatoires en les divisant en catégories distinctes. La première catégorie concerne les pièces qui sont à disposition de l’ensemble des copropriétaires regroupant le règlement de copropriété (comprenant l’état descriptif de division et les éventuels modificatifs), le carnet d’entretien de l’immeuble, les diagnostics techniques liés aux parties communes (CREP, amiante, plomb, termites etc.), la dernière fiche synthétique de la copropriété, et les contrats d’assurance de l’immeuble en cours de validité.
La loi ELAN est également venu encadrer la digitalisation de la gestion locative en dématérialisant les documents échangés entre les agences d’une part, les locataires et les propriétaires d’autre part. Ainsi, tous les actes liés à la location peuvent désormais être traités à distance, comme le bail numérique avec un contrat de location dématérialisé et signé électroniquement, l’acte de cautionnement numérique, ou encore l’état des lieux réalisé avec tablette. Comme un syndic de copropriété, la gestion locative dispose d’un extranet dédié aux locataires et propriétaires, où chacun peut consulter à tout moment le dossier et avoir accès aux quittances de loyer, aux contrats de bail ou aux mandats de gestion, ainsi qu’aux relevés de compte pour les propriétaires.
Durant ces dix dernières années, nous avons pu constater l’émergence de plus en plus de services en ligne qui avaient traditionnellement l’image de professions possédant leur cabinet, ou leur bureau possédant une devanture donnant sur rue promettant leur service. Néanmoins, ce mode de travail devient de plus en plus obsolète. En effet à l’heure du digital, on constate en France la banalisation des banques, assurances, ou encore notaires en ligne proposant des espaces adaptés aux nouvelles attentes des clients.
Ainsi, depuis quelque temps est apparu un nouveau genre de profession du domaine de l’immobilier : la gestion locative et les syndics de copropriétés en ligne. Ces derniers n’ont pas réinventé les métiers de la gestion immobilière, mais ont trouvé une nouvelle façon de gérer des copropriétés ou des lots privatifs à distance à travers des outils numériques, et une répartition des rôles pour faciliter les échanges et limiter les déplacements.
Le syndic en ligne est en charge des aspects légaux et technique tels que l’assurance de l’immeuble, la comptabilité et la collecte des charges de copropriété. Il ne se déplace pas physiquement sauf en cas d’urgence, mais reste disponible par téléphone et par e-mail. Ces plateformes proposent des interfaces adaptées aux outils de navigation incontournables, sur ordinateurs et smartphones, en mettant à jour régulièrement les documents, et les informations exhaustives concernant la gestion de la copropriété.
L’avantage principale des syndics en ligne est qu’ils proposent des frais de gestion qui sont jusqu’à 4 fois moins cher que les syndics traditionnels. Ne pas se déplacer physiquement sur les copropriétés, ainsi que l’implication du conseil syndical, et l’utilisation des outils numériques leur permettent de proposer des tarifs très attractifs.
Néanmoins, nous estimons que les syndics en ligne sont les plus adaptés seulement pour les copropriétés comprenant peu de lots (maximum 30), dont les copropriétaires veulent ou peuvent s’impliquer, ou encore en solution de soutien d’un syndic bénévole. En effet, pour fonctionner, l’implication des copropriétaires est nécessaire pour réaliser différentes tâches sur place, de vérification, de contrôle, et de veille.
En restant dans la continuité d’utiliser au mieux les outils numériques disponibles, les assemblées générales des copropriétés bénéficiant de leurs services sont souvent effectuées en visioconférence. Le décret 2019-650 du 27 juin 2019, dans le cadre de la loi ELAN est venu préciser que « l’assemblée générale décide des moyens et supports techniques permettant aux copropriétaires de participer aux assemblées générales par visioconférence, audioconférence ou pas tout autre moyen de communication électronique ainsi que des garanties permettant de s’assurer de l’identité de chaque participant. »
Ainsi, cette mesure en plus de créer une réelle innovation dans le monde de la copropriété, apporte une solution à un gros problème lors des tenues d’assemblées générales : l’absentéisme. Jusque-là, il était impératif d’être présent physiquement, ou d’utiliser une procuration pour pouvoir participer et voter. Cela permet ainsi aux copropriétaires résidants à l’étranger, trop occupés, ou ne résidants pas à proximité de la ville de l’immeuble où ils sont propriétaires, de pleinement faire partie des décisions du syndicat. Le choix d’effectuer une assemblée générale en visioconférence doit être pris sur la base de devis de systèmes sécurisés, et adaptés, permettant une identification efficiente des copropriétaires, et un vote à distance valide et sur, à l’initiative du syndic ou du conseil syndical. Le syndicat des copropriétaires en supporte les coûts.
Les limites de la digitalisation
La digitalisation dans le monde de l’immobilier comprend de nombreux avantages, mais elle reste soumise à plusieurs limites. D’un point de vue écologique, le stockage de la Data est très néfaste. Toutes ces données sont regroupées dans des entrepôts de stockages refroidies 24h/24. Le regroupement des différents serveurs dans des immeubles refroidissements sont responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serrer pour l’ensemble du secteur numérique. « Maintenir une certaine température est essentiel au bon fonctionnement des machines tout autant qu’il peut être énergivore. Alors que le numérique représente 4% des émissions de CO² au niveau mondial, ce type d’infrastructure est appelé à faire des efforts. » Afin de limiter cette émission de gaz à effet de serre, une loi est en étude pour la prochaine COP26.
De plus, la question de l’éthique et du juridique est en lien direct avec cette digitalisation. L’intégralité des sites internet consultés utilisent des cookies permettant de collecter des informations sur les recherches de l’utilisateur. La vie privée est donc très peu respectée par les différentes plateformes numériques. Ce qui a donné lieu à de nombreuses dérives comme la revente des informations collectée à d’autres organismes. C’est pour cette raison que la RGPD a instaurée l’obligation pour tous les sites de demander l’accord à l’utilisateur avant de collecter ses données. Cependant, certaines enseignes ont signé des partenariats afin de se partager les données collectées. « En tant que propriétaire d’un site web, vous avez comme devoir d’informer les internautes sur l’objectif de la récupération et du traitement de leurs données personnelles. Chaque personne doit en effet être informée de ses droits ainsi que de la façon dont sont traitées les données qu’elle fournit en naviguant sur un site ou en participant à une opération marketing. »
Une des nouvelles problématiques survenues avec le développement du digital est la perte de contacts humains. Aujourd’hui une personne qui souhaite acheter ou louer un appartement va d’abord réaliser une demande sur internet. Les clients se déplacent de moins en moins dans les agences physiques. La perte de liens sociaux est directement liée à la digitalisation. Certaines ventes, dans le neuf par exemple peuvent être réalisées sans que le client n’ai jamais rencontré le vendeur. Durant le confinement, les clients réalisaient leurs demandes d’informations sur internet, par la suite un commercial les contactaient par téléphone, envoyait les plans et faisait signer le contrat en signature électronique. Cette possibilité de disparition totale des contacts physiques est considéré comme néfaste par la majorité des intervenants avec qui nous avons échangés. Comme l’indique Marjorie Monnier, Responsable Marketing marché neuf chez Seloger Neuf : « A cause de la digitalisation, on perd le contact humain et la notion de conseil que peut avoir un professionnel ».
Enfin, il est vrai que l’apparition d’outils digitaux à fortement facilité le processus de vente. Aujourd’hui, il est possible de signer un contrat de réservation ou un compromis en moins de 10 minutes grâce à la signature électronique. De nos jours, on peut accéder à tous les visuels d’un immeuble en 3D, ainsi qu’aux plans des appartements, directement de notre salon. Dans le passé, les clients devaient se déplacer pour visualiser les plans ou même les maquettes. De même pour la signature des contrats, ils devaient parapher à la main ainsi que toutes les annexes. Ce qui pouvait parfois engendrer des rendez-vous de plusieurs heures. Cependant, on pouvait constater une réelle implication dans le processus d’achat. Le fait de prendre le temps de se déplacer, effectuer des rendez-vous d’une certaine durée confortait le client dans sa volonté d’acheter. Aujourd’hui, on peut réserver un appartement en seulement deux appels téléphoniques avec un conseiller. Le processus d’achat est donc fragilisé car ce n’est pas la même implication que par le passé. Nous n’avons pas assez de recul pour comparer les chiffres des désistements par le passé avec aujourd’hui. Mais une chose est sure, il y’a beaucoup plus de désistements depuis l’apparition de la digitalisation. Comme le montre Loïc Madhani, animateur des ventes île de France chez Constructa : « Avant on rencontrait l’intégralité de nos clients, aujourd’hui il y en a certains que nous ne voyons jamais. Et cette perte de lien social joue un rôle sur l’engagement des clients. Tout va tellement vite, un contrat de réservation peut se signer en quelques minutes. Il peut y avoir moins d’engagement que par le passé lorsque les gens devaient se déplacer pour venir signer. On constate une forme d’engagement moins prononcé qu’avant à cause de la digitalisation. ».
Pour conclure, la digitalisation a permis le développement du monde de l’immobilier dans de nombreux aspects. Cependant, il est important de prendre en considération toutes les limites citées plus haut. L’aspect écologique, et social sont deux facteurs essentiels sur lesquels travailler afin d’optimiser la nouvelle vague digitale.
Analyses des entretiens de professionnels
Pour vous, que signifie la digitalisation de l’immobilier ?
Tom LAFONT : « D’après moi c’est le fait de numériser tous les processus. Et cela s’applique à l’immobilier comme à tout secteur qui connait une digitalisation. »
Sophie MASSON : « La digitalisation passe par une dématérialisation de beaucoup de process afin d’éviter les copies des contrats, les envois qui se perdent, les signatures de contrats. La digitalisation intervient ici d’un point de vue écologique avec la baisse du papier. »
Qu’est-ce que la digitalisation a changé dans votre travail ?
Jean-Baptiste GARDES : « Dans mon travail, cela a apporté beaucoup plus de fluidité autour des dossiers clients et avec les clients. On propose donc une meilleure expérience au client avec un suivi digitalisé. Cela nous a aussi permis l’an dernier, lors de la crise sanitaire d’être immédiatement opérationnel pour continuer l’activité de vente. C’est un élargissement de notre champ d’action au-delà de la crise sanitaire. »
Marjorie MONNIER : « Personnellement, dans mon travail cela n’a pas changé grand-chose, mais Seloger a changé le travail des autres. Seloger est le précurseur de tout ce changement digital. Mais on essaye d’innover dans les outils de communication afin qu’ils soient de plus en plus précis et poussés pour pouvoir avoir des leads. »
Depuis combien de temps avez-vous constaté une transition vers la digitalisation ?
Tom LAFONT : « Dans mon entreprise, c’est aux alentours de 2010 que l’on a basculé vers le digital. Mais l’arrivée des réseaux sociaux et la multiplication des sites internet a grandement accéléré ce processus. »
Jean-Baptiste GARDES : « Je dirais que c’est arrivé par plusieurs étapes. A travers les annonces en ligne, les lignages effectués par se loger. Puis il y a eu les plateformes qui ont permis de faire des simulations en ligne ou la signature électronique. Pour vous donner une durée, d’après moi la transition a commencé il y a environ 7-8 ans et elle est encore loin d’être terminée. »
La crise sanitaire a-t-elle joué un rôle dans l’accélération de la digitalisation ?
Sophie MASSON : « Elle a joué un rôle car elle nous a prouvée qu’on était capable de réaliser des ventes à distance. On a vendu plus que les objectifs fixés. On a réussi à finaliser des ventes et même en créer pendant cette période. »
Marjorie MONNIER : « Pour nous chez Seloger, cela n’a pas changé grand-chose car on travaillait déjà beaucoup en visio. Mais la crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur dans la digitalisation, tout en soulevant de grandes interrogations auprès des promoteurs ou autres professionnels. Surtout d’un point de vue des démarches administratives, on a pu constater pendant le premier confinement une baisse énorme de délivrance des permis de construire, car rien n’était digitalisé. »
Quels sont les avantages de la digitalisation ?
Jean-Baptiste GARDES : « Les avantages vont surtout être un gain de temps pour se coordonner, traiter des dossiers, communiquer avec un client. Le deuxième avantage de la digitalisation est le fait d’avoir un positionnement sur le marché. Aujourd’hui, un promoteur qui se digitalise va avoir un temps d’avance sur ses concurrents. Mais il ne faut pas oublier que la digitalisation du secteur de l’immobilier n’est pas terminée. »
Marjorie MONNIER : « La digitalisation permet de réduire les doutes des clients qui ont la possibilité de suivre l’état d’avancement de leur achat neuf, tout en facilitant la ventes aux promoteurs. Mais je pense qu’il y’a encore des choses à développer dans les outils pour que cela soit plus performant. La digitalisation va aussi avoir un rôle dans la transformation du mode de vie que vont avoir les Français avec la démocratisation du télétravail. »
Quels sont les effets néfastes de la digitalisation ?
Tom LAFONT : « Je pense que l’effet néfaste principal c’est la perte de liens sociaux. Il y a un risque d’enlever les contacts humains. Le fait de n’échanger que par mail ou par téléphone peut être néfaste. L’effet de masse que créé la digitalisation, peut aussi avoir un aspect négatif. »
Sophie MASSON : « Je pense qu’il y a certaines choses encore trop compliquées dans la digitalisation. Beaucoup de process ne sont pas assez « user friendly », il faut donc faire attention à ça pour ne pas perdre les gens. Et après il y a des problèmes d’éthique comme on peut le voir avec les cookies. Même si c’est en train de changer car la RGPD va dans le bon sens, il y a encore du travail. »
Les différents entretiens effectués nous ont permis de comprendre un peu plus le quotidien des professionnels de l’immobilier face à la digitalisation. Nous avons remarqué que cette dernière a apporté des changements notamment pour les métiers « terrains ». En effet, les professionnels de l’immobilier travaillant déjà à distance ou via des plateformes internet, ont moins été impacté que les métiers de bureaux. Cependant, tous s’accordent à dire que la digitalisation est arrivée assez tard dans le secteur de l’immobilier, « Aux alentours de 2010 » ou bien « il y a environ 7-8 ans », alors que dans les faits, la digitalisation est apparue bien avant cette période.
Pour grand nombre d’entre eux, la crise sanitaire a accéléré le processus de digitalisation. En effet, cette dernière a profité aux promoteurs et aux agents immobiliers. Malgré l’arrêt de beaucoup de chantiers notamment pendant le premier confinement, les franciliens ont voulu s’exiler dans les zones rurales, et donc le marché de l’immobilier s’est déployé dans ces zones.
Il ne faut cependant pas oublier que la digitalisation peut nuire à certaines professions car elle peut limiter les contacts physiques, faire perdre les liens sociaux et pose encore des problèmes d’éthique.
Néanmoins, l’information et les contenus dématérialisés apportent une grande aide et un réel gain de temps dans les tâches administratives. Cela permet aussi de s’octroyer une plus grande visibilité via les nouveaux canaux digitaux, et ainsi permettre de développer les métiers du secteur de l’immobilier.
Conclusion
Pour conclure, le digital est au cœur de l’immobilier. La digitalisation de ce secteur est incontestablement la meilleure solution pour faire face aux défis du futur. Les nouvelles pratiques numériques et la modernisation des activités de l’immobilier ont permis de renforcer la dynamique du marché, même en période de crise sanitaire.
Le digital a simplifié l’accès à l’information et a augmenté la compétitivité entre les différents acteurs de l’immobilier. Il est possible d’avoir une idée précise et un aperçu complet des offres, des attentes et des exigences.
La digitalisation est une source de gain de productivité et en même temps une source d’économies d’argent et de temps. Investir dans le numérique n’est plus un choix car la modernisation est plus que nécessaire. Le monde digital n’est pas prêt de s’arrêter dans le secteur de l’immobilier et ce constat amène les professionnels du milieu à se former constamment et à adopter des outils informatiques aujourd’hui indispensables.
Bibliographie