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« Le logement est transpartisan : il mériterait d’être érigé en cause nationale » Bernard Cadeau

Le rang protocolaire des ministres est révélateur. Il faut remonter à 2007 pour retrouver un titulaire de plein exercice, numéro trois du gouvernement ! C’était Jean-Louis Borloo. Depuis, nous avons assisté à la valse des ministres délégués ou des secrétaires d’État. Cela est significatif d’une ambition, ou de son absence.

Les politiques semblent ignorer que le logement concerne tous les citoyens et reste le premier poste de dépenses contraintes des ménages. Le logement est transpartisan par nature et mériterait d’être érigé en cause nationale.

Mais il est sans doute victime de son propre cycle économique ; il a besoin de temps long, dix à quinze ans, alors que nous retournons aux urnes tous les trois ans en moyenne. Ce devrait être le rôle de l’État de garantir une stabilité propice à fixer la meilleure stratégie possible. Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte ? Gouverner c’est décider. Seul l’État représentant de l’intérêt collectif peut et doit poser le cadre. Le logement est le premier marqueur social des Français mais il a été oublié dans les réflexions du Haut-commissariat au Plan depuis 2020.

L’État doit relever a minima cinq défis.

1) Permettre de produire des logements partout où c’est nécessaire, pour toutes les catégories et besoins, à un prix abordable. C’est un effort capital, touchant à la rénovation, la construction, la mise en œuvre de nouvelles technologies, de nouveaux matériaux, etc. Il doit favoriser l’investissement locatif des Français, sans oublier de séduire les investisseurs institutionnels. Il doit enfin resolvabiliser les ménages.

2) Gagner la bataille de la transition énergétique. Il est temps d’agir, tant en zone urbaine que rurale, pour une rénovation massive des bâtiments et une agilité autour des nouvelles techniques de construction.

3) Aménager les territoires. Il s’agit de construire là où existe le besoin aujourd’hui et demain. Les priorités devront être : loger, loger bien, loger vert.

4) Réindustrialiser notre pays. L’objectif se réduira à une vaine incantation si les entreprises ne peuvent pas loger leurs forces vives. Combien de projets ont avorté ou sont différés de ce fait ? La mobilité économique et éducative est indispensable, mais elle se nourrit de logements. C’est un vecteur de croissance qui rapporte deux fois et demie sa contribution au budget de l’État !

5) Simplifier à tous les étages ! On ne peut plus tolérer une administration chaotique et contradictoire du logement, ni une politique erratique et illisible. L’État pompier agit au coup par coup. Les injonctions contradictoires font florès. On annonce un calendrier rigide pour la rénovation énergétique, mais on révise à plusieurs reprises le dispositif ; ce même dispositif basé sur Ma Prime Rénov’ oublie le reste à charge du propriétaire. Mais rigueur budgétaire oblige, il faut raboter d’un milliard et demi le dispositif ! L’annonce de la construction de 30 000 nouveaux logements en trois ans ne rassure pas, alors qu’il en faudrait 200 000 par an. Le logement a depuis trop longtemps été traité comme une variable d’ajustement budgétaire.

Pour terminer, quelques chiffres mettent en exergue les écarts entre stratégie et incendie : la perte de TVA liée au logement en 2023, c’est 5 milliards d’euros. Ajoutons le manque à gagner en matière de DMTO et on arrive à près de 8 milliards. Voilà ce que coûte l’absence de stratégie !

Répondre au besoin élémentaire de logements, c’est renforcer le pacte social de notre pays. Ne pas y répondre, c’est le fragiliser.

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