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« Les marchés financiers n’aiment pas l’incertitude et les extrêmes », Sandrine Allonier

Quels ont été les premiers impacts de la dissolution de l’Assemblée nationale sur les marchés financiers ?

L’annonce de la dissolution a été une véritable surprise et les marchés financiers n’aiment pas l’imprévu. En conséquence, les réactions ont été fortes et les taux d’emprunt d’Etat ont subi une hausse de façon quasi immédiate. Ces derniers étaient de 3 % au 4 juin avant l’annonce de la dissolution, ont grimpé à 3,30 % le 11 juin, jour de l’annonce de l’alliance d’Eric Ciotti avec le RN, pour enfin redescendre à 3,14 % ces derniers jours. Après le choc de l’annonce, la situation semble donc se stabiliser et les taux devraient se maintenir à ce niveau jusqu’aux résultats du premier tour des élections législatives. En fonction de ces derniers, les marchés financiers pourraient encore connaître de nouvelles tensions. Désormais, toutes les annonces vont être scrutées de près.

L’arrivée au pouvoir des extrêmes risque-t-elle de mettre à mal la relance du marché immobilier ?

Les marchés financiers n’aiment pas les extrêmes et sont craintifs à l’idée de voir l’arrivée au pouvoir de parties qui n’ont jamais gouverné. Ils ont peur que ce manque d’expérience puisse entraîner le dérapage des dépenses publiques. Cette inquiétude risque d’avoir une répercussion sur les OAT qui reflètent la confiance que les marchés ont dans la capacité du gouvernement, et par là-même sur le niveau des taux de crédits immobiliers. En 2017, lorsque les sondages prédisaient un second tour des élections présidentielles avec un face-à-face Mélenchon/Lepen, les marchés étaient d’ores et déjà sous tension.

Quels sont aujourd’hui les risques de répercussion sur le marché immobilier ?

Cette instabilité politique peut impacter le marché immobilier sur 3 points. Le premier est le taux de crédit. Le principe veut en effet que les banques fixent leur taux par rapport à l’OAT en y ajoutant un point de marge. Pourtant celles-ci se sont souvent affranchies de ce calcul ces dernières années car elles avaient à leur disposition beaucoup de liquidités et que le crédit était pour elles un produit d’appel. Elles ont ainsi préféré rogner sur leurs marges et privilégier leur politique commerciale. Si on pouvait donc espérer que les banques ne répercutent pas au jour le jour les hausses de l’OAT, force est de constater que deux d’entre elles ont d’ores et déjà annoncé une hausse de leur taux de 0,30 point. La situation pourrait donc mettre un coup de frein au mouvement de baisse des taux d’emprunt enclenché depuis plusieurs mois, voire pire engendrer une hausse.

Le deuxième impact risque d’être sur les prix immobiliers. Les annonces des différents blocs politiques sur d’éventuelles nouvelles mesures pourraient en effet générer de l’attentisme auprès des porteurs de projet immobilier en quête de nouveaux dispositifs plus avantageux. Qui dit attentisme, dit ralentissement du marché et donc baisse des prix. Sans compter que dans ce contexte chahuté, les investisseurs étrangers pourraient se détourner du marché français et se rabattre sur d’autres capitales européennes où la situation est plus sûre.

Enfin, en fonction des programmes mis en place, les banques inquiètes pourraient prendre la décision d’accorder moins de prêts immobiliers afin de conserver des liquidités. L’instabilité politique risque ainsi d’impacter la production de crédits.

Quel message souhaitez-vous faire passer aujourd’hui aux professionnels de l’immobilier ?

Aujourd’hui, les professionnels de l’immobilier doivent garder le cap et rester à l’écoute de ce qui pourrait être mis en place en fonction de l’arrivée de tel ou tel gouvernement. Avant de sombrer dans le pessimisme, attendons de voir ce que donneront les résultats des élections législatives. Quoiqu’il en soit au vu de l’état des finances publiques, je pense qu’aujourd’hui il y a peu à attendre d’une politique du logement et que la fluidité du marché repose plus que jamais entre les mains des professionnels de l’immobilier. L’heure est à la pédagogie pour expliquer à leurs clients que malgré ce contexte d’incertitude, ils ne doivent pas mettre en stand-by leur projet immobilier et qu’il sera toujours temps de renégocier les taux auprès de leurs banques en fonction de l’évolution de la situation.

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